Cette exposition est essentiellement consacrée aux toiles récentes de Guillaume Yanga. Abstraites, certaines montrent une gestuelle voisine de l'abstraction lyrique mais nourrie toujours de symbolisme, et d'autres exhibant la dernière manière du peintre, très prometteuse, où il combine la latérite avec ce que l'on pourrait appeler le style Ndop dans un rendu somptueux.
Guillaume Yanga est né en 1990 à Manjo.
Sa vocation de peintre s'est manifestée très tôt. Dès l'école élémentaire, il dessine sur papier à l'aide de bics et de crayons de couleurs puis il retirera de cette pratique quelques subsides en rehaussant de motifs peints les vêtements de ses condisciples au collège.
Guillaume représente un parfait exemple d'une personnalité forgée par la Fondation Jean-Félicien Gacha. Il l'a d'abord fréquentée en bénéficiant de l'activité « vacances utiles » laquelle comprend notamment des ateliers de peinture que l'artiste anime désormais. Mais c'est en tant que menuisier qu'il sera recruté dans un premier temps. Remarquable apprenti, il se distingue aussi par les caricatures de ses collègues et quelques représentations plus élaborées qui vont bientôt retenir l'attention de la direction de la Fondation ainsi que celle de Benjamin Compaoré, un botaniste et herboriste burkinabé venu exercer ses compétences sur le site et lui même bon dessinateur. Les deux compères s'épaulent, se complètent, Guillaume s'initie à la technique du bogolan, apprend à manier les teintures naturelles, à appliquer de l'argile comme pigment. Pourtant, c'est à l'huile que le peintre a recours pour ses premières toiles sur châssis réalisées dans une facture classique, d'une figuration plutôt naïve et volontairement libre.
Ces premières réalisations lui attirant une certaine reconnaissance, il se verra assez vite proposer de s'essayer à l'art de la fresque où il reprendra les symboles traditionnels bamilékés comme à la Villa Boutanga et au restaurant du personnel de la Fondation. Son chef d'oeuvre dans cette veine est la décoration en motifs Ndop de la tour de l'hôtel Zingana à Bafoussam, conçue après vingt-quatre heures de méditation intense et réalisée en un mois.
Guillaume Yanga est essentiellement un artiste autodidacte qui ne se réfère pas à l'histoire de l'art mais accorde une grande place à la méditation et surtout au rêve qui, selon lui, se comporte à la fois comme sa muse et son maître.