La première semaine, je découvre la technique du perlage. Perle par perle, point par point, Maman Igénie me montre comment faire une ligne, puis une bande, puis un motif. Quand ma journée de perlage prend fin, je peux rejoindre les chevaux pour les caresser et leur raconter ma journée.
Je rencontre Abdou, le gardien des chevaux, qui m'emmène galoper sur les chemins de terre rouge. Une après midi, je l'invite à s'asseoir sous un arbre pour qu'il me parle de son rapport aux chevaux et surtout de sa jument préférée, Ana. C'est grâce à son récit que je choisis les couleurs, les motifs, la forme du masque. Il me dit quelque chose qui me marque : "Grâce au chevaux, je change de statut, je suis plus important aux yeux des autres. On me respecte et on veut apprendre de moi."
Je pars visiter la ville de Baham où de nombreuses artisanes vendent des objets perlés. Si Igénie Nomba, la responsable de l'atelier perlage de la Fondation, m'a emmenée là-bas, c'est pour me montrer d'autres techniques de perlage. Je me nourris des couleurs, des motifs et des paysages d'un lieu sacré par lequel nous passons avant de rentrer. Le soir, dans ma chambre, je griffonne mes premières idées de masque.
Le lendemain, je montre mes croquis à Danilo. J'hésite entre un monochrome bleu ou rouge, des motifs inspirés du livre "Perles, couleurs d'Afrique" de Ly Dumas, des incrustations de cauris et jujube... Je peaufine le choix des couleurs, et élimine certaines idées trop risquées. Finalement, le masque ne couvrira pas toute la tête mais seulement le contour des yeux. Il sera bleu, avec des franges marrons.
Quand je ne travaille pas sur le masque, je continue de rendre visite aux chevaux, de les soigner avec Cédric, le vétérinaire, et j'emmène mes collègues faire des petits tours à cheval pour leur partager la magie de cet animal.
EN MARGE DE LA RESIDENCE
Alice Ifergan Rey, artiste-performeuse mais aussi conteuse, a donné de son temps aux enfants de la Fondation et des écoles environnantes en préparant des ateliers autour du conte.
Elle a proposé une activité de découpage et collage suivie du récit de différents contes à la bibliothèque de la Fondation Jean-Félicien Gacha. Alice a également animé un atelier d’illustration d’un conte et d’initiation à la technique de collage avec les élèves de l’école publique de Nyamga. Les enfants ont choisi d’illustrer le conte qui raconte l’histoire de l’arbre qui protège la Fondation. Enfin, accompagnée d’un musicien saxophoniste et des chevaux de la Fondation, Alice a initié une balade contée sur le site de la Fondation.
Entre poésie, art et cavalerie, Alice a su passionner les élèves qui ont participé à ses ateliers et les transporter dans son univers.